Domovision 2009-2014

Le VIA vient de publier Domovision 2009-2014, un ouvrage prospectif sur les courants d’évolution du cadre de vie. Destiné à ceux – industriels, distributeurs, éditeurs, designers – qui souhaitent intégrer les facteurs d’évolution dans leur politique de développement, l’ouvrage décrit quelques tendances à l’oeuvre et en propose la synthèse. Présentation.

Dans une première partie, Domovision décrit quelques facteurs d’influence à moyen et à long terme. Ce chapitre fait en premier lieu un point sur la crise (et même les crises) actuelle(s) et à venir (économique, écologique, alimentaire…), soulignant des éléments de tension à prendre en compte, comme par exemple, en termes d’alimentation, l’augmentation du nombre de personnes mal nourries (qui représentaient 500 millions en 2006 sont aujourd’hui 1 milliard), mais aussi le fait que 80 % des océans sont aujourd’hui pollués, que l’eau devient une denrée coûteuse (+ 300 % d’augmentation du prix entre 1985 et 2005) et rare (en 2025, une personne sur deux risque d’en manquer d’eau), qu’un seul pays, les États-Unis, représentant moins de 5 % de la population mondiale, consomme près de 50 % de l’énergie de la planète, que l’écart entre les pays riches et les pays pauvres s’accentue (il est de 1 à 30 en 1960 à 1 à 80 aujourd’hui). Malgré tout, les raisons d’être optimiste (et même « écoptimiste ») existent puisque, selon les auteurs de l’ouvrage, nous devrions passer d’une économie de forces brutes, à une économie de l’intelligence. L’un des enjeux des années à venir sera ainsi « d’apprendre à transformer l’information en connaissance« . Ainsi  » la crise de la fin de la première décennie du siècle devrait accélérer la transformation vertueuse de la masse inouïe de connaissances accumulées en facteurs d’amélioration de la vie quotidienne des hommes sur terre ». On pourrait ainsi voir arriver, grâce à des technologies nouvelles moins gourmandes en énergie, « des micro-usines produisant des micro-engrenages, des opérations chirurgicales, des implants mammaires par intraveineuse, des missiles de croisière ramollissant des chars, des machines à produire des légumes survitaminés, la dissolution des astéroïdes avant leur arrivée sur terre, la reconfiguration chimique de l’atmosphère terrestre, des véhicules sans conducteurs, etc. ». Les robots seront également de plus en plus intégrés à notre quotidien, « le Japon ayant fait d’ores et déjà de la robotique domestique une de ses priorités pour ce siècle et la Corée du Sud ayant prévu un robot dans chaque foyer dès 2015 ». Egalement, le marché mondial des produits et services environnementaux se développera, pour approcher les 3 000 milliards de dollars en 2020. De nombreuses initiatives, vertueuses, portent déjà leurs fruits : « les automobiles européennes, par exemple, polluent dix fois moins qu’il y a dix ans. Des moteurs hybrides accessibles devraient voir le jour ainsi que des voitures électriques avec un déploiement massif à partir de 2010-2012 ; des centrales solaires jour/nuit sont en construction en Espagne avec stockage de chaleur par du sel fondu, etc. »

Cinq grandes familles sont ainsi mises en avant – bien-être, ergonomie, origines, plaisir et altérité – qui sont considérées comme déterminantes dans l’évolution de notre cadre de vie. Concernant le bien-être et le rapport au corps, on évoque des revêtements de surface retardant le dépôt d’impuretés, des meubles de plus en plus adaptés au corps, l’utilisation de matériaux antichoc, le développement de textiles biocides et protecteurs, de solutions de détente (spas, thalassothérapie) ou de bien-être (appareils de fitness et de musculation reliés au corps) à domicile, l’aspiration des mauvaises odeurs, la luminothérapie et la chromathérapie, etc.). L’ergonomie ou le rapport aux choses sont également mis en avant, entre autres, avec des valeurs comme le confort, lassistance (capteurs, robots), le tout, tout de suite (services en ligne, services à domicile), la mobilité (facilité d’usage, résistance, légèreté, intelligence artificielle), la praticité et l’accessibilité (libre-service, achat/livraison 24 heures sur 24, location évolutive-prêt, options dimensionnelles des lits, tables, fauteuils).

Dans une deuxième partie, l’ouvrage insiste sur une modification importante de nos sociétés occidentales quant à leur population, à la fois vieillissante (les plus de 65 ans sont environ 10 millions en France en 2008, soit près de 20% de la population), mais aussi de plus en plus segmentée. A une ancienne et relativement homogène catégorie (les « seniors ») succèdent une variété d’usagers et de pratiques, pour cette catégorie de la population qui condense une grande partie de ses richesses et du pouvoir d’achat (les seniors détiennent actuellement 45 % du pouvoir d’achat en France, et ils représentent 72% des contribuables soumis à l’ISF. D’ici vingt ans, cette tranche d’âge possédera les deux tiers du patrimoine français). Plusieurs besoins, amenés à se développer, sont ainsi présentés : modularité et adaptation aux espaces, autonomie et services à domicile, domotique… qui sont autant d’opportunités de développement de nouveaux produits, agencements et services.

Enfin, dans la dernière partie qui dresse dans un premier temps un panorama du marché mondial du meuble, l’ouvrage décrit quelques grands courants de création d’aujourd’hui, et leurs tendances à venir. Présentés comme autant de sources d’inspiration, ce chapitre dévoile une grande diversité de pratiques et de registres d’expression. Quatre grandes familles de courants de création sont ainsi mises en avant. Les influences technologiques et fonctionnelles, insistant sur « les qualités structurantes et mécaniques des matériaux, les performances des nouvelles technologies et des procédés de fabrication », le design expérimental… Les influences socioculturelles représentent le second courant présenté, pour lequel « le produit est support d’un esprit, d’une posture qui inspire un discours narratif ». Les objets, davantage décoratifs, s’inspirent des styles historiques, revisités (néobaroque, ornementaliste, rétro, ethnique, transcendé ou non par les nouvelles technologies). Les influences éthiques , mettant en avant les matières brutes ou naturelles et l’approche « éco », sont également évoquées, ainsi que les influences artistiques, fruits d’expérimentations et « à la recherche de l’exceptionnel, de la rareté, voire de l’unique pour intéresser en premier lieu les collectionneurs, les galeries, les marques ».

Au-delà de l’aspect prophétique de certaines idées avancées, l’ouvrage met ainsi à plat un certain nombre de tendances et de développements engagés ou probables, dont nous constatons déjà, aujourd’hui, les fondements. Il fournit aussi, chiffres à la clé, un ensemble de données sur le type ou les comportements des consommateurs, qu’il est toujours bon, en tant que designer, d’intégrer à tout projet à venir.

Conçu et dirigé par Gérard Laizé, directeur du général du VIA, Domovision est co-écrit par Frédéric Loeb, directeur du cabinet d’études prospectives Loeb&Innovation (prix de l’ouvrage : 100 euros).

Une Réponse to “Domovision 2009-2014”

  1. ARIANE Says:

    je ne trouve le livre de DOMOVISION nulle part en france ni ailleurs, puis-je savoir pourquoi et où je peux me le débrouiller s’il vous plait.

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